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FOUILLES PRÉVENTIVES des découvertes exceptionnelles !

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DANS LE CADRE DU CHANTIER D’ÉLARGISSEMENT DE L’A75, APRR FINANCE PLUSIEURS CHANTIERS DE FOUILLES PRESCRITES PAR L’ÉTAT. L’INRAP (L’INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES) EFFECTUE LES OPÉRATIONS DE FOUILLES SUR LES DIFFÉRENTS SITES. À VEYRE-MONTON, LE CHANTIER DE FOUILLES A LIVRÉ DES DÉCOUVERTES DE PREMIER ORDRE : POUR LA PREMIÈRE FOIS EN AUVERGNE, ET PLUS LARGEMENT DANS LE CENTRE DE LA FRANCE, DES ALIGNEMENTS DE MENHIRS SONT SORTIS DE TERRE ! MAIS, LE SITE RÉVÈLE BIEN PLUS DE SECRETS ENCORE…

Menhirs, alignements et cercles de pierres

La fouille, de 1,6 hectare, a révélé une trentaine de monolithes, de 1 m à 1,60 m. Ces menhirs forment un alignement plus ou moins rectiligne et continu, s’étirant sur 150 m dans l’emprise de la fouille et vraisemblablement au-delà. Ils sont bordés d’un autre alignement de gros blocs de pierre, dans la continuité duquel, cinq pierres composent un ensemble en fer à cheval. Enfin, six blocs, régulièrement espacés, forment un cercle de 15 m de diamètre.

Bien visible dans le paysage, le plus grand alignement présente une étonnante perspective : les plus grands menhirs sont principalement en haut de pente au nord, les plus petits au sud, moins espacés les uns des autres. Cet alignement suit un axe nord-sud, à proximité immédiate du passage d’un col, désormais emprunté par les automobilistes.

Cet ensemble évoque les grands monuments mégalithiques armoricains, celui de Carnac notamment, mais il s’insère dans un dense maillage d’expressions mégalithiques présentes dans toute l’Europe occidentale.

Une statue anthropomorphe

Au sein de l’alignement principal, l’un des menhirs se distingue, car il est sculpté. Grossièrement anthropomorphe, la statue présente une éminence arrondie, posée sur des épaules sommairement dégrossies, ainsi que deux petits seins. Ces reliefs ont été obtenus en taillant l’ensemble de la surface de la pierre.

Cette statue-menhir est, actuellement, le seul exemplaire connu en Auvergne. Elles sont même très rares sur le territoire français, principalement attestées dans le Midi (Occitanie, Provence, Corse). Toutefois, la statue-menhir de Veyre-Monton montre des dissemblances avec ces exemplaires méridionaux, son style fruste et ses petits seins rapprochés invitant davantage aux comparaisons avec les rares exemplaires septentrionaux, bretons ou suisses.

Une tombe monumentale

Le cairn de 14 m de long et 6,5 m de large, quadrangulaire, est construit autour d’une tombe centrale. Cette tombe accueille les restes d’un homme de grande taille. Son corps était protégé par un réceptacle de bois aujourd’hui disparu, entouré et calé de blocs. Au vu de leurs dimensions, certains de ces blocs peuvent correspondre à des menhirs déplacés, voire volontairement fragmentés.

Denis Gliksman-Inrap

Mais d’où viennent ces menhirs ?

Malgré la proximité des sites gaulois de Gergovie et de Corent et l’imagerie véhiculée par Obélix et Astérix, les menhirs sont bien plus anciens que la période gauloise par Toutatis ! Les menhirs de basalte proviennent de différentes origines. Leur poids, inférieur à la tonne, n’implique pas forcément de prouesse technique pour leur transport, mais représente néanmoins un investissement humain considérable. Entre autres hypothèses, on peut envisager que différentes communautés aient contribué à l’alignement en acheminant des pierres provenant de leur territoire. Deux des sites d’extraction possibles, les plateaux du Crest et de Corent, sont d’importants lieux d’occupation durant le Néolithique et la Protohistoire. La chronologie est délicate à préciser : le site de Veyre-Monton s’inscrit vraisemblablement sur le temps long (du Néolithique à l’âge du Bronze), mais les communautés qui s’y sont succédées ont laissé bien peu d’indices de datation.

Cependant, il est certain que les menhirs de Veyre-Monton ont été abattus afin de les faire disparaître du paysage. Poussés dans de grandes fosses, parfois mutilés ou recouverts de terre, ces monolithes ont fait l’objet de gestes iconoclastes, sorte de condamnation peut-être être liée à quelque changement de communauté ou de croyances. Le cairn a subi le même sort.

La chronologie précise des occupations demeure à établir sur la base d’analyses à venir, en particulier par le radiocarbone, que ce soit sur le squelette de l’individu occupant le centre du cairn ou sur les rares restes de faune.